Observation de double feuillaison à Neuchâtel
Le passage de la sécheresse à un épisode pluvieux a permis à une cinquantaine d'arbres de refaire leurs feuilles pendant les derniers jours de l'été.
En Suisse, l’année 2022 aura été marquée par une sécheresse importante. Ainsi dans le jardin botanique de Neuchâtel, des mesures quotidiennes révèlent une absence d’eau dans le sol du 10 mai au 2 septembre. Durant cette période de 116 jours, 6 épisodes de très faible précipitation viendront à peine humidifier le sol pour quelques heures. Dans ces conditions de nombreux arbres dépérissent (tilleuls, érables, marronniers, chênes, frênes et merisiers), certains perdant la totalité de leurs feuilles vers la fin du mois d’août.
Par chance, un événement exceptionnel sauve ces essences d’un assèchement complet de leurs tissus : mercredi 7 septembre, un orage important se déclare, suivi d’une pluie abondante. En 24 heures, il tombe à Neuchâtel 60 millimètres de précipitations. Un nouvel épisode pluvieux a lieu les 14 et 15 (30 millimètres en 48 heures), la pluie ne devenant régulière qu’à partir du 23 septembre.
Ce changement permet à une cinquantaine de ligneux de procéder à une nouvelle feuillaison durant les derniers jours de l’été. L’histoire pourrait s’arrêter là si la période de végétation de ces individus s’était terminée en même temps que celle des autres arbres de la forêt. Toutefois, alors que la plupart des grands ligneux sont nus dès fin octobre, ceux qui ont réussi à produire une seconde feuillaison sont encore verts au début du mois de décembre; ils perdront subitement leur feuillage chlorophyllien le 11 décembre, suite à une baisse subite de la température.
Cette observation soulève plus de questions qu’elle n’en résout : les individus qui ont pu réagir cette année, se sont-ils affaiblis ou sont-ils devenus plus résistants? Verra-t-on le phénomène se produire plus fréquemment à l’avenir? Les différentes espèces pourront-elles s’adapter à cette division de la période de végétation sur le long terme?
La poursuite des observations des individus survivants permettra peut-être de préciser s’ils tireront bénéfice de leur expérience de réflexe de survie.
Blaise Mulhauser, JBN, le 13.04.2023